Marina

« Il gravit quelques marches et se retrouva dans le patio. Il était maintenant au coeur de la maison, mais sans y avoir pénétré. Il resta un instant rêveur, devant cette matérialisation contemporaine de l’Immaculée Conception, mais il ne voulait pas se laisser déconcentrer.


Ring, Ittre, lotissements, rond-point, bois, maison, patio, jusqu’ici les indications s’étaient montrées précises, trop précises, son informateur connaissait très bien les lieux .

Le patio était un carré parfait d’environ quatre mètres de côté.

Ici aussi l’ordonnancement pourtant classique de ce genre de composition avait été mis à mal par le relief et deux des côtés contigus, horizontaux et vitrés faisaient face à deux côtés, tourmentés par le relief, mais massifs.

Il put examiner d’un coup d’oeil périphérique l’intérieur de la maison: pas un chat, où justement si, un chat noir, immobile et méprisant, à moitié endormi sur un pouf.

Comment entrer? Il était à l’intérieur mais il n’était pas dedans. Le chat, à présent bien réveillé, semblait lui retourner la question.

Fracturer, pénétrer, s’introduire, il haïssait ces termes agressifs dignes d’un voleur ou d’un assassin, il n’était ni l’un, il remettait en quelque sorte les choses à leur propriétaire, ni l’autre, il rendait véritablement les éléments à la vie.

Mais le chat se frottait maintenant à ses jambes et il n’y avait certainement pas de chatière (il savait depuis longtemps le dégout de certains architectes pour celle-ci, parce-qu’elles brisent le dessin modulé de la composition du chassis). Une porte était effectivement ouverte, il rentra, il était à l’intérieur. »

 

Publié aux éditions « Foure-tout »