« En souriant, il ferme la porte et croise Joëlle, la voisine d’en face et du dessous.

Joëlle ne l’a pas vu, elle a trop de choses dans la tête, ce matin : elle pense à la fois au printemps -ce matin en allant aérer la chambre des enfants, elle l’a remarqué : la colline, incroyablement proche avec cette lumière, ces fruitiers et un vieux monsieur sur le coteau, en salopette blanche qui bêche son potager.

Elle pense aussi aux potagers justement parce que, hier, à la réunion des habitants-le café de la rue Saint Léonard, le bruit des verres et les tubes de Serge Lama, les réunions 4 fois l’an, ceux qui viennent toujours, ceux qui viennent jamais -, ça s’est terminé sur une discussion sur le fond de jardin, cette longue bande de terre partagée entre les « potagistes », des retraités qui font pousser là des rangées extraordinairement droites de poireaux et de choux magnifiques et les «parentistes» des parents sur-protecteurs qui demandent encore plus de lieux réservés aux enfants (déjà il y a le square, sur la rue Saint Léonard , les patios et les jardins bien sûr, la rue où il ne passe pas grand monde, pourquoi ne pas fermer le quai pour aller à la Meuse, tant qu’on y est !). «